[Sujet deux.] Un stupide palindrome, ou comment perdre votre seul enfant...

[Permission d'Eldior pour faire un remake...]

Ce nom... Dans le journal... Ca me faisait bizarre. Je fermais ce morceau de papier. Je pris mon café, fermant les yeux. Je mordis mon coissant. Le dévorais. Et puis, je bus mon café d'une traite. Lorsque je rouvris les yeux, j'avais complètement oublié ce à quoi je pensais deux secondes avant. Je me levais, posais deux pièces sur la table, et je partis vers mon repère. Ou du moins, je sortis du bar. Il faisait sombre. Les nuages étaient gras, noirs, chargés. Ils ne tarderaient pas à éclater. Tant mieux. Il n'y aurait plus personne dans les rues, je serais enfin tranquille, seule, dehors. Je fis quelques pas en dehors de la terasse. Il y avait du monde dans la rue. Ca transpirait la vie. Je haïssais cette sensation de vie vive et joyeuse. Tout en moi était mort, morne, et faible. Je regardais la foule, avec une furieuse envie de tous les réduire à l'état de charpie, et je décidais de traverser la rue. Je me trouvais mélangée à ce monde empli d'une vitalité dont je reconnaissais pas la légitimité. Je haïssais ça... Et puis, la pâté humain se mit en mouvement. Il avançait lentement, ce qui me donnait envie d'en tuer un ou deux. Et puis, soudain, derrière moi, quelqu'un fut bousculé. Je tournais la tête, et une ombre bondit vers moi, me mit un bout de papier dans la main et s'enfuit en courant.

"Qu'est - ce que ça peut bien être?"

Mais je savais déjà de quoi il s'agissait. Ce devait être un contrat de confiance, ou une mission trop importante pour être confiée à un novice... La foule - dont je faisais partie - arriva enfin de l'autre côté de la rue, et tous les gens se séparèrent, sans un adieu, ou un au revoir, pour partir chacun de leur côté, faire leur vie. Moi, je continuais tout droit, sans regarder où j'allais, évitant de justesse un homme, sans m'en rendre compte. Je me mettais dans une rue déserte et je regardais l'enveloppe. Vierge, blanche, elle était scellée. Je regardais attentivement le petit sceau rougeâtre.

"Famille Lacla... Connais pas. Que veulent - ils?"

Je fis sauter le sceau, ouvris d'un geste négligent la lettre.

" On nous a dit que si nous avions besoin de services, nous pouvions nous adresser à vous... Chers voleurs, nous avons du travail pour vous. Dans une des tours de l'Empire, il y a une joyau caché... Ce joyau apartient à notre famille depuis le début... Rendez le nous.
Prime: 20 000 pièces d'or. "

* * * * * *

J'entrais dans la tour. Heureusement qu'ils m'avaient donné un plan. Je regardais le décor à l'intérieur. Des tissus, des rideaux à l'éfigie de l'ecusson d'Eldior. Le Hall était décidément bien décoré... Des dalles, des couleurs. Et surtout, personne à l'intérieur. J'inspirais profondément, dégustant d'avance ce travail, où je n'aurais aucune visite humaine... C'était mon plus grand plaisir. Pauvre folle, si j'avais su. Je fis quelques pas à l'intérieur du bâtiment. Les portes, les fenêtres, toutes les ouvertures produisirent un bruit assoudissant de fermeture. Et pourtant, cela ne m'affola pas. J'étais calme, détendue... Je m'en foutais.

"Bon, maintenant je suis seule et enfermée... Par où je commence?"

Je regardais l'escalier qui montait. Ne voyant pas d'autre endroit où aller. Je me mis à grimper. Au bout de quelques secondes, je tombais sur le premier étage. Déjà, les choses paraissaient être bien moins chaleureuses... Les tissus étaient lacerés, les meubles détruis... Le premier étage était à la limite du délabrement. Je fis quelques pas à l'intérieur de la pièce. Il y avait du sang... Quelques gouttes. Il était sec, sombre, donc la trace devait dater... Je fis le tour d'une étoffe qui me cachait la vue, et je vis l'oeuvre de mes prédécésseurs. Ils avaient écrit, avec leur sang: "Piegés". Tout le mur du fond était recouvert de ce mot. Un ultime cri de douleur... Pourtant, je ne voyais pas de cadavres... Ce n'était pas logique.

"Qui aurait bien pu vouloir m'emprisonner?"

Je me posais la question. Eldior? Ce type ne savait probablement pas que j'existais... Et s'il le savait, pourquoi se rabaisserait - il à ce genre de choses? Edward? Comme pour me donner un dernier cadeau? Non... Edward, il était du genre à me retrouver pour me tuer de ses mains... Qui? La famille Alcal? Non... Pourtant... J'eus un éclair de lucidité. Pour me punir de ma bêtise, je me frappais violemment le front.

Alcal - Lacla... Un stupide palindrome... Je décidais de me venger. Mon divin calme se rompant petit à petit. Déjà, trouver le joyau. J'étais sûre qu'il y en avait bien un. Sinon, comment auraient - ils eu l'idée de m'enfermer dans cet endroit? Ensuite, trouver une sortie. Il y avait toujours une sortie dans ce genre de piège. Et aller leur montrer... Ca, ça prommettait d'être intéressant. J'avais entendu dire que la famille avait enfin eu un enfant... Un sourire sadique me montait aux lèvres.

"Plus vite je serais sortie, plus vite je pourrais m'amuser..."

Je faisais demi tour, et montais les escaliers. Il y en avait plus pour acceder au deuxième étage. Au bout de seulement quelques marches, j'entendais quelque chose. Un bruit étrange. C'était entre le gémissement et le grattement. Je me demandais si ce que j'allais trouver était humain ou animal. Je montais les dernières marches en me méfiant. Je tirais mes dagues, prête à bondir sur mon assaillant. Mais une fois arrivée en haut des marches, il n'y avait que des cadavres. La plupart s'étaient vidés de leur sang, d'autres étaient en état de décomposition avancée. Je voyais des vers grouillants sortir de leurs orbites. Je m'avançais de quelques pas, regardant ce massacre avec un grand sourire ravi. J'aimais les cadavres. Les morts... Les seuls humanoïdes que j'arrivais à apprécier assez pour ne pas les tuer. En même temps, ils étaient déjà morts... Arrivée au milieu de la pièce, un râle rauque se fit entendre. La chose que j'allais découvrir n'était qu'à quelques centimètres de moi. La chose passa à l'action. Elle leva un bras armé pour essayer de m'égorger. Je bondis en usant de ma Rapidité. Je me retrouvais donc environ un mètre au dessus de la chose. Je parais l'attaque et me reculais de quelques mètres. Mes cheveux me retombaient dans le visage. Mais mon regard perçant avait eu le temps de capter le portait de l'humanoïde. Grand, un mètre quatre - vingt - douze à tout casser, musclé, brun... Il avait la peau très blanche. Et surtout, il lui manquait une bonne partie de la mâchoire. Cette "chose" à moitié morte avait du être très belle, avant. Son visage me disait quelque chose... Un ancien ennemi? Je me renouais les cheveux et le voyais s'avancer vers moi. Il avait du mal à marcher. Dans ses yeux brûlaient la haine et la folie. Plus personne ne pouvait plus rien pour lui. Ses blessures me donnaient l'avantage, et il ne paraissait pas vouloir se calmer.

Lorsqu'il marmonna cette phrase que j'eus du mal à entendre, je pus distinguer l'intérieur sanglant de sa gorge. Je fermais les yeux, dégoûtée par cette vision. Mais elle me poursuivait. Elle s'imprimmait dans mon esprit dès que je fermais mes yeux émeraude. Alors je m'obstinais à les garder ouverts. Il paraissait sourire continuellement, avec la moitié de bouche qui lui restait.

Je l'aurais volontiers supplié de ne plus parler. Mais il se mit à sourire en s'avançant dangereusement. Et lorsqu'il souriait, c'était pire. Il me montrait son arme, sanglante, mise bien en évidence. Je reconnaissais aussi cette arme... Mais où? Où l'avais - je vue? Je bondis à l'assaut. Il para mon attaque, mais je lui donnais un violent coup de coude dans le plexus solaire. Ses blessures le ralentissaient. Et les grands n'étaient jamais vraiment bien rapides. Mon coup le fis reculer d'un pas. Il riposta en donnant un coup d'épée que j'évitais au prix d'une entaille à la joue. Je rebondissais sur le sol carrelé et lui ouvrais le ventre sur une vingtaine de centimètres. Un filet de sang tiède m'aspergea. L'homme tomba à genoux. Il laissa tomber son arme.

Je l'égorgeais sans entendre ce dernier mot. Probablement que s'il l'avait murmuré une seconde avant, je ne l'aurais pas abattu. J'aurais su que j'avais mon protecteur d'antan et... Mais non. Je ne le savais pas. Alors, j'écartais le corps de mon chemin en l'envoyant balader d'un coup de pied, et je retournais dans les escaiers. Je lavais mes armes en montant les marches. J'imaginais qu'il ne devait plus y avoir personne. Sinon, ce pauvre fou ne m'aurait pas attaquée. Il aurait attendu que je liquide les autres. Je me retrouvais au troisième étage. Il y avait de nombreux cadavres, alors je ne m'arrêtais pas. J'arrivais au quatrième. C'était une salle - à - manger et une porte bloquait l'accès aux escaliers. Il y avait de nombreuses entailles, comme si les cadavres avaient voulu ouvrir la porte de leur vivant. Je sortais mon matériel de voleuse. Et en quelques secondes, la lourde porte en bois produisis un "cloung" sonore. Je l'ouvris et j'entrais. À l'intérieur je trouvais un coffre, et une fenêtre qui n'était pas vérouillée.

* * * * * *

Les parents Alcals rentrèrent chez eux ce soir là, en se félicitant d'avoir parlé à Eldior de cette affaire, de voleuse multirécidiviste. La solution du maître du monde était la meilleure. Envoyer la voleuse dans une tour où elle resterait toute sa vie... Ils trouvèrent leur appartement aussi nickel que d'habitude. Mais étrangement, la bonne - qui servait de nourice pour leur enfant - ne vînt pas à leur rencontre. Ils la cherchèrent, commençant à s'inquiéter. Et une fois au salon... Ils virent un joyau brillant posé sur la table. Et la nourice égorgée. À côté, leur petite fille de quatre mois était empalée sur le pied de la lampe. Et sur les murs, avec le sang de la jeune femme, ils purent lire...

"Laissez les 20 000 pièces d'or dans votre coffre, j'irai me servir."